Stranger

Insipide. C'est le mot qui qualifierait tout ce que j'ai vécu jusque là.
Je m'ennuie. Des moments se distinguent, courts moments où j'ai profité, où j'ai aimé d'être là.
C'est un dégoût immense, infini et dévastateur.
De mon train de vie sans couleur, de ces amis proches mais avec qui je me sens irrémédiablement seule.
Pourtant, j'ai l'impression qu'ils ne me voient pas, qu'ils ne me conaissent pas. Et ce sentiment d'incapacité à communiquer, à être dans une certaine mesure comprise, est insupportable.
De cette population futile, aveuglée, faisant tout pour aimer leur vie. Ils ne s'ennuient pas. Tout simplement.
De cette société avariée, infectée d'un venin invisible mais essentiel à sa survie. Les moeurs, le fait que cela a toujours été comme cela, la tradition. L'avidité, le pouvoir; vouloir toujours plus. Plus d'argent, plus grande maison, plus sophistiqué. La quête vers un 'bonheur' impossible, mais que chaque conscience tente d'atteindre.
Enfin, de l'Humain, lui-même. Tant de richesses et d'atouts égalant sa perversion, sa noirceur, sa haine et sa stupidité. Balance, une compensation à toute chose par son opposé, extrême ou pas.
Il y a des exceptions, plus que je ne peux le croire, je suppose. Une goutte d'eau dans l'océan comme on dit.
Darwinienne, moi? ...
C'est comme un énorme vide que je tente de remplir indéfiniement. La sensation d'avoir sa place; être une pièce du puzzle.

Ce n'est pas la cas. Je me traîne chaque jour vers le suivant, me demandant sans cesse quand est-ce que ça va finir.
J'aide un peu le destin à faire son boulot, mais sans grande conséquence immédiate.
Juste des enmerdes.